Résumés des communications par auteur > Ouali Thabette

Du musée du patrimoine au musée de la dérision : L'œuvre d'Ahmed Mahfoudh
Thabette Ouali  1@  
1 : Laboratoire Intersignes  -  Site web

Si cet auteur tunisien est surnommé « écrivain de la ville », c'est que toute l'œuvre romanesque[1] d'Ahmed Mahfoudh est centrée sur la ville de Tunis. La médina ainsi que les quartiers européens sont le théâtre d'une comédie humaine où l'ambition individuelle coïncide avec des épisodes dramatiques de l'Histoire de la Tunisie. Ces tranches de vie se font une dénonciation du monde capitaliste qui mènerait le pays à sa perte en cette ère de la globalisation.

Dans cette ruée vers l'affairisme et l'opportunisme, la médina, centre historique et culturel de Tunis, est désormais une figure du déchet représentant la marginalisation sociale de tous ses habitants. De même, les quartiers européens, cœur économique et symbole de la réussite du pays, sont envahis par les ordures et les déchets de toutes sortes qui se propagent dans les ruelles de la ville. Cette pollution est la conséquence d'une part des exodes ruraux venus chercher leur eldorado et d'autre part des nouveaux riches prêts à tout pour afficher leur ascension sociale. Une vision futuriste d'un holocauste nucléaire ne sauve pas la ville pour autant. A l'ère du régime numérique, Tunis se transforme en une ville post-apocalyptique reconstruite artificiellement. En définitive, la ville de Tunis supposée être un musée du patrimoine se transforme en musée de la dérision.

Dans cette perspective, nous réfléchirons à la manière dont cette écriture romanesque témoigne de la problématique du déchet comme symptôme d'un état économique, politique et social du monde capitaliste. A cet effet, nous proposerons une définition de la question du déchet à la lumière d'une lecture littérale et métaphorique des romans d'Ahmed Mahfoudh. En analysant les choix esthétiques mobilisés par l'auteur, nous cernerons les enjeux idéologiques de cette écriture pour mieux saisir l'importance de l'apport littéraire à cette question du rapport de la société aux déchets.


[1] Brasilia Café 2006, Terminus Place Barcelone 2010, Dernier voyage à Kyrannis 2011, Jours d'automne à Tunis 2015, Le Chant des ruelles obscures 2017, Les Jalousie de la rue andalouse 2019


Personnes connectées : 13