Résumés des communications par auteur > Klein Paula

« Littérature poubelle » ? : Productivité littéraire des « écritures ordinaires » et « éphémères » dans L'Herbier des villes d'Hervé Le Tellier et Sinon j'oublie de Clémentine Mélois
Paula Klein  1@  
1 : ENS-PLS
Ecole Normale Supérieure de Paris - ENS Paris

Depuis les années 1970, de nombreux écrivains et artistes ont à cœur d'échapper à une vision de l'archive comme activité institutionnelle de composition d'un patrimoine national. Ils cherchent plutôt à en faire le moyen d'une mémoire du quotidien et des « choses communes », à partir de bribes et de rebuts. Georges Perec et sa notion d'« infra-ordinaire » occupe bien sûr ici un rôle de pionnier vis-à-vis d'écrivains qui se proposent, à travers l'exploration du quotidien, d'approcher une dimension commune, voire impersonnelle de la mémoire d'une époque ou d'une génération.

Les gestes de prélèvement et d'archivage du banal, de l'ordinaire ou du minuscule peuvent même parfois donner lieu à ce qu'on appellera ici une « littérature poubelle ». Le terme n'est pas à comprendre ici comme l'expression péjorative qui désignerait une littérature de mauvaise qualité, dénuée de valeur littéraire. Par « littérature poubelle », nous entendons ici une littérature qui opère un recyclage de matériaux textuels mineurs, souvent considérés comme non littéraires, destinés ordinairement à la destruction ou tout du moins à l'oubli, afin de les assembler et les transformer par un ensemble de procédés tels que le collage, le classement ou le montage.

L'oulipien François Le Lionnais a rangé dans le « troisième secteur » (les deux premiers consistant en la littérature et la paralittérature) ces actes de langage restants : « annuaires, langages d'animaux, graffiti, enseignes lumineuses ou non, et autres notules en tout genre, le plus souvent inclassables et surtout, inclassées ». Cette catégorie, qualifiée par Perec de « poubelle des choses écrites », est centrale pour des ouvrages qui incorporent divers types d'imprimés, comme La Vie Mode d'emploi, ou bien son projet L'Herbier des villes, conçus sur le principe des « bombes de temps » d'Andy Warhol. Cette communication s'intéressera notamment à la réutilisation de ce que Daniel Fabre nomme « écritures ordinaires » ou Maurice Rickards « éphémères » et à d'autres types de « déchets de l'écrit » dans l'œuvre de deux oulipiens : L'Herbier des villes (2010) d'Hervé le Tellier et Sinon j'oublie (2018) de Clémentine Mélois.


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