Le colloque se tiendra les 19, 20 et 21 novembre 2019 à l'Université de Tours, Faculté de droit, économie et sciences sociales, bâtiment B, salle du Conseil.
Si la question des déchets a longtemps été marquée par une forme d’invisibilité, elle est néanmoins de plus en plus présente dans le discours public et indissociablement liée à la prise de conscience accrue d’une crise environnementale majeure. Dans le champ académique, depuis une dizaine d’années, émerge ainsi un «nouveau sous-champ des sciences sociales», les discard studies. L’anthropologue Gay Hawkins (2006) assigne cette évolution à la «force matérielle [des déchets], à la réalité troublante de leur accumulation autour du globe».
L’objet du présent colloque est de réfléchir à la manière dont la littérature témoigne de cette « force matérielle » et à l’éclairage spécifique qu’elle apporte sur les déchets, conçus non exclusivement comme un problème qu’il faudrait résoudre, mais également comme le symptôme d’un état économique et politique du monde capitaliste. Le titre de ce colloque se réfère, d’une part, à l’ouvrage de Jean Gouhier, fondateur de la «rudologie» consacrée à «l’étude et la caractérisation des biens exclus et rejetés, des conditions et des fondements de leur mise en marge» (Gouhier, 2000). Ce titre souligne, d’autre part, l’idée que l’être-déchet d’un matériau n’est que rarement définitif : ce qui a été jeté pour avoir perdu toute valeur est, la plupart du temps, destiné à être revalorisé et remis en circulation, quittant les espaces de relégation où il a provisoirement échoué. En outre, envisager l’« au-delà du déchet », c’est également affirmer que rien n’est déchet par essence, que la conception du déchet n'est jamais figée et que toute assignation à la catégorie de déchet est toujours relative à des pratiques sociales et culturelles singulières.
Ce colloque analysera, au plus près des œuvres littéraires, les différents types de rapports qui peuvent se tisser entre les déchets et ceux qui les produisent, les collectent, les gèrent ou discourent sur ceux-ci. Dans cette perspective, des chercheurs en sciences sociales et en littérature sont invités, par le biais de communications communes ou indépendantes, à se rencontrer et à dialoguer autour d'œuvres littéraires ou visuelles témoignant de la présence du déchet, sous ses formes plurielles.
Evènements annexes au colloque
Avec l’objectif d’ouvrir des espaces de débat originaux et diversifié autour des déchets, les activités scientifiques du colloque s’articuleront à des événements "grand public" : la table ronde Trois fictions pour dire les déchets avec les écrivains Katrina Kalda, Fréderic Ciriez et Guillaume Poix, le spectacle théâtral de David Wahl Le sale discours et l’exposition de photos La mise en image du rebut.
La diversité des supports (mots, corps et images) et des approches (littéraire, dramatique et graphique) permettront pendant trois jours de faire parler, de regarder, de penser les déchets à partir d’expériences et d'univers inhabituels. En montrant les déchets sous une lumière nouvelle les organisatrices souhaitent contribuer à la réflexion commune sur les enjeux de société liés à la production des déchets et sur les différentes modalités de leur réduction et mise en valeur.
Le colloque et les activités culturelles associées ont compté avec le soutien financier de l'Université de Tours, de l'UMR 7324 CITERES (Equipes CoST et EMAM), de la Région Centre Val de Loire, du Syndicat Mixte Touraine Propre, du laboratoire HCTI de l'Université de Bretagne Occidentale, du Master Déchets et Economie Circulaire de Le Mans Université, du laboratoire Forellis de l'Université de Poitiers et de l'Office allemand d'échanges universitaires (DAAD).